09 octobre 2009

Schubert revisité en 2008 à l'ère de la rationalisation

Schubert revisité en 2008 à l'ère de la rationalisation


Le Président d'une société multinationale reçoit en cadeau un billet
d'entrée pour une représentation de la Symphonie Inachevée de Franz
Schubert.

Ne pouvant s'y rendre, il transmet l'invitation à don directeur des
ressources humaines, à charge pour celui-ci de lui faire un rapport sur la
qualité du concert.
Le lendemain du concert, le Président trouve sur son bureau le rapport de
son DRH.


1 - Les joueurs de hautbois demeurent inactifs pendant des périodes
considérables.
Il convient donc de réduire leur nombre et de répartir sur l'ensemble de la
symphonie, de manière à réduire les pointes d'inactivité.

2 - Les douze violons jouent tous des notes identiques.
Cette duplication excessive semble inutile : il serait bon de réduire de
manière drastique l'effectif de cette portion de l'orchestre. Si l'on doit
produire un son de volume plus élevé, il serait possible de l'obtenir avec
un amplificateur électronique.

3 - L'orchestre consacre un effort démesuré à la production de triples
croches.
Cela constitue un raffinement inutile : il est recommandé d'arrondir toutes
les notes à la double croche la plus proche. En procédant de la sorte, il
devait être possible d'employer des stagiaires ou des opérateurs peu
qualifiés.

4 - La répétition par les cors de passages déjà exécutés par les cordes ne
présente aucune nécessité.
Si tous les passages redondants de ce type étaient éliminés, il serait
possible de réduire la durée du concert de deux heures à vingt minutes.

Et enfin, Monsieur le Président, voici ma conclusion :
De toute évidence, si le dénommé Schubert avait pu prêter attention à ces
remarques, il aurait été en mesure d'achever sa symphonie en temps opportun.