19 juillet 2010

DSK et le FMI veulent s’attaquer à la France



Pourtant friande d’articles sur DSK, la grande presse a passé largement sous silence le rapport que le FMI a publié le 15 juin dernier sur la France.

Ce rapport résume les constats préliminaires effectués par les représentants du FMI à l’issue de missions qui s’inscrivent dans le cadre des consultations périodiques de suivi de la situation économique.

A la lecture de ce document, si par malheur la France devait être réduite à réclamer l’aide du FMI, le calvaire libéral imposé par Nicolas Sarkozy ne serait qu’un avant-goût de la thérapie de choc imaginée par DSK…

Dans son rapport pour la France, le FMI vante la rigueur budgétaire tout en pointant les risques de contraction de la demande et donc de déficits qui vont en découler ! Il se réjouit des coupes sombres envisagées par Nicolas Sarkozy : « La maîtrise des dépenses sociales est cruciale. Les mesures de rigueur, notamment la poursuite de la réduction des effectifs des fonctionnaires (avec le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux)… permettront de maîtriser la hausse des dépenses des administrations publiques ».

Le FMI indique aussi que « la réforme des retraites et du système de santé doivent constituer la pierre angulaire de la stratégie budgétaire de moyen terme ». Et il donne même des leçons de rigueur à Nicolas Sarkozy en mettant en garde la France contre la tentation redistributive : « il convient toutefois de résister aux pressions qui conduiraient à ne pas corriger les déséquilibres fondamentaux et à s’appuyer démesurément sur des mesures d’accroissement des recettes ».

Un comble quand on sait que les recettes n’ont cessé de diminuer depuis 10 ans, notamment avec les exonérations de cotisations patronales accordées indistinctement sans conditions à toutes les entreprises : celles dont la santé est florissante et qui délocalisent souvent comme celles qui ont des difficultés sérieuses (plus de 30 milliards d’euros par an, soit environ 20% des cotisations patronales) Sans oublier les 507 niches fiscales « officielles » qui représentent 70,7 milliards €, la cour des comptes estimant, quant à elle, le vrai montant de toutes les niches fiscales réelles à 146 milliards € !

Beaucoup plus que le déficit record du système de retraites estimé à 40 milliards € en 2018 !

Mais le FMI va encore plus loin. Il pointe qu’« en France, le marché du travail et le marché des produits se caractérisent par d’importantes restrictions ». Et il appelle carrément à de nouvelles régressions sociales : « réduire la dualité entre les CDD et les CDI » et poursuite de « la modération du salaire minimum (SMIC) ».

Un plaidoyer particulièrement indécent quand on sait que le Directeur général du FMI gagne 500 000 dollars nets par an, soit plus de 30 fois le SMIC chaque mois !

Les jeux d’esquive de DSK

Outre la Grèce, le FMI est intervenu dans trois pays de l’Europe de l’Est membres de l’UE : la Hongrie en octobre 2008, la Lettonie en décembre 2008, la Roumanie en mars 2009. Il est également intervenu dans deux pays de l’Est non membres de l’UE : l’Ukraine en 2008 et la Serbie en 2009

Partout, les conséquences sont les mêmes : libéralisation du marché, baisse des dépenses du secteur public, baisse du pouvoir d’achat pour des millions de salariés.

Le plan de rigueur draconien concocté par le FMI et l’UE pour la Grèce est particulièrement édifiant :

* Salaires gelés jusqu’en 2014.
* Primes du 13e et 14e mois (Noël et Pâques) supprimées pour les salaires supérieurs à 3.000 € par mois et plafonnées à 1.000 € pour les salaires inférieurs à 3.000 € par mois, alors que ces primes avaient déjà été réduites de 30% dans le cadre des précédentes mesures annoncées en mars dernier.
* Baisse des investissements publics de 1,5 milliard €.
* Taux de TVA, passé en mars de 19 à 21, relevé à 23%.
* Mise en place d’un nouveau salaire minimum applicable aux jeunes et aux chômeurs de longue durée.
* Réduction du nombre de départs anticipés à la retraite, avec comme objectif d’interdire ces départs avant 60 ans.
* Libéralisation des marchés des transports et de l’énergie.

Cette liste n’étant évidemment pas exhaustive.

Aujourd’hui, DSK se dit « admiratif de l’extrême rigueur choisie par le gouvernement Papandréou » (Le Monde du 4 mai 2010) dont il est en grande partie, en réalité, l’instigateur.

Mais, comble de l’hypocrisie, DSK prétend que les mesures d’austérité sont toujours prises par les gouvernements eux-mêmes. Ainsi, dans l’émission « A vous de juger » de France 2 le 20 mai 2010, il affirmait ne pas avoir imposé au gouvernement roumain la baisse de 25 % des salaires des fonctionnaires.

Selon lui, il aurait dit aux dirigeants roumains : « Si vous avez besoin de faire des économies, vous augmentez les impôts, notamment pour les plus riches. ».
« Le gouvernement roumain nous a répondu : "Non, c’est nous qui décidons" »

Mais selon Libération du 8 juin 2010 le gouvernement roumain conteste vivement cette version : « La Roumanie ne dispose pas de suffisamment de riches pour partager avec tous les pauvres », selon le ministre des Finances, Sebastian Vladescu qui y voit un calcul politique : « Il veut se présenter à l’élection présidentielle française, il a fait une déclaration proche de la gauche. »

Le Président Traian Basescu a ajouté avec colère : « Si M. Strauss-Kahn a des doutes, je vais lui transmettre personnellement le papier que le FMI voulait faire appliquer par la Roumanie : une hausse de la TVA de 19 à 24%, une augmentation du taux unique d’imposition de 16 à 20% ainsi qu’une réduction des salaires dans le secteur public de 20% »

Demain, si DSK confirme son départ à la course présidentielle en 2012, il faudra qu’il s’explique un peu mieux sur son idéologie et son action au sein du FMI.

Car hier déjà, sous le gouvernement Jospin, il préconisait une baisse du taux supérieur de l’impôt sur le revenu au profit des très hauts revenus. Il défendait également une défiscalisation sans limite des stocks options et voulait accélérer la privatisation du service public.

La gauche est ainsi clairement prévenue contre l’erreur que constituerait le choix d’un tel candidat face à Nicolas Sarkozy en 2012. Et le PS aura du mal à apparaître crédible comme parti du changement d’autant qu’outre le Directeur du FMI, un autre « socialiste », Pascal Lamy, œuvre à l’OMC et ne cessant de prôner un libéralisme qui fait de plus en plus de ravages dans le monde…

Merci AGORAVOX