26 février 2010

Pour la DGSE Al Quaida n'existe plus !

63% des destructions d’emploi dans l’industrie française dûes à la mondialisation!

Pour la prochaine fois que vous croisez un abruti fan de la mondialisation ! Vous remarquerez qu'on n'a pas beaucoup entendu parler de cette étude aux nouvelles...

Depuis 1980, l’industrie française a détruit près de 2 millions d’emplois. Un document de Bercy estime que, entre 2000 et 2007, 63 % de ces destructions sont le fait de la concurrence internationale. Une étude que le ministère de l’Economie assume mal.
quelques jours de la présentation de son projet de « nouvelle politique industrielle », Nicolas Sarkozy a sans doute eu vent du document de travail publié par la très sérieuse Direction générale du Trésor et de la politique économique (DGTPE). Si le Président, qui se rêve comme le meilleur opposant à la « France sans usine », avait encore des doutes sur l’ampleur de la tâche qui l'attend, les résultats de cette étude ont dû définitivement les dissiper. En 1980, l’industrie au sens large avec ses services attachés, comme l’intérim, employait 6 millions de personnes. 27 ans plus tard, elles n’étaient plus que 4,6 millions. Et à peine 4,1 millions, selon nos calculs à la fin de l’année 2009. 2 millions d’emplois détruits purement et simplement. La faute en revient à la désindustrialisation en marche dans le pays depuis le double choc pétrolier des années 80 et la politique de désinflation de la décennie suivante. Ce phénomène s’est accéléré une première fois depuis 2000, avec la montée des délocalisations dans les pays émergents comme l’analyse l’étude et une seconde depuis la crise de 2007.

La suite de l'article du nouvel obs ici

Emmanuel Todd : le sarkozysme et ses dangers

Paul Jorion news le 26 février 2010

21 février 2010

Aux USA, un graffiti à l'école = arrestation par la police !



Alexa Gonzalez, 12 ans arrêtée pour avoir gribouillé "J'aime mes amies Aby et Faith" sur son bureau à l'école.

Sinon du côté des traders occupés à ruiner la Grèce, pas d'arrestations, ouf !

L'article CNN

L'arnaque de la communication




Pourquoi communiquer dans des medias grand publics français sur un emprunt dont les particuliers sont exclus ?

si vous n’avez pas encore acheté votre journal habituel et découvert les premiers visuels de cette campagne très « franco française », nous allons vous en donner quelques détails : « Le Service d’information du gouvernement (SIG) a lancé mercredi une campagne de communication nationale sur le grand emprunt. Sous le slogan « la France investit dans son avenir », cette publicité représente une Marianne enceinte « symbole d’une France porteuse d’espoirs et de projets », selon le SIG, qui précise dans un communiqué que le budget d’achat de cette campagne est de 975.000 euros. » - Source La Tribune

l'article ici

16 février 2010

Emmanuel Todd sur la situation actuelle

14 février 2010

Paul Jorion : actu du 12 février 2010

Un moyen révolutionnaire de réduire le surplus commercial de la Chine

En 2005, le yuan – encore appelé renminbi – la monnaie chinoise, cessa d’être exclusivement ancré au dollar pour l’être dorénavant à un panier de devises où le dollar américain continue cependant de dominer massivement. Depuis juillet 2008, le cours du yuan a à peine fluctué autour du cours de 6,83 yuan pour un dollar. Cet ancrage permet une grande stabilité dans les opérations commerciales entre la Chine et les États-Unis. Ces derniers se plaignent amèrement de cet état de fait qui équivaut selon eux à un dumping sur l’ensemble des marchandises produites en Chine, la monnaie chinoise s’étant de facto appréciée mais étant sérieusement sous-évaluée du fait de cet ancrage.

Quand les États-Unis réclament le désancrage du yuan par rapport au dollar, ils invoquent en sus du caractère « déloyal » de l’ancrage actuel, également la simple logique économique : « Votre surplus commercial est considérable, disent-il en substance aux Chinois : réévaluer votre devise vous permettra de le faire baisser ». Ce surplus s’élève en effet aujourd’hui à 284,1 milliards de dollars, une somme qui reste considérable même si elle est en baisse de 35 % par rapport au montant qui était le sien l’année dernière.

Mais depuis janvier, la Chine est moins disposée que jamais à se conformer aux vœux des États-Unis puisque ceux-ci ont promis de livrer à Taïwan du matériel militaire pour un montant de 56,4 milliards de dollars. Une consigne circulerait en Chine enjoignant aux banques de cesser d’acheter de la dette émise par les compagnies américaines ainsi que les titres adossés à des crédits immobiliers émis par les Government–Sponsored Entities, Fannie Mae et Freddie Mac. Il y a d’autres motifs possibles à cet arrêt que des représailles pour les ventes d’armes à Taïwan : le simple bon sens économique en est un, alors que la reprise aux États-Unis – si reprise il y eut – s’essouffle, un autre est le fait que la Federal Reserve cessera au printemps d’acquérir ces titres constitués de crédits immobiliers et que leur valeur pourrait du coup baisser considérablement. Quoi qu’il en soit, la Chine s’abstient soigneusement de démentir qu’il pourrait y avoir un rapport entre l’arrêt dans l’achat de la dette immobilière ou des entreprises et la vente d’armes à Taiwan.

« Il serait bon que nous réduisions notre surplus commercial, disent les Chinois, qu’à cela ne tienne, nous connaissons le moyen, et il est indépendant du cours de notre devise ». Le moyen auquel ils ont décidé de recourir n’a en effet qu’un rapport indirect avec le yuan : il réduit la dépendance vis-à-vis du taux de change de la devise parce qu’il fait que la bonne santé économique de la Chine dépendra moins à l’avenir du niveau de ses exportations, l’accent étant désormais mis sur le développement du marché intérieur.

J’expliquais dans « La crise du capitalisme américain » (2007 ; 2009) que la Chine ferait des États-Unis la locomotive de sa révolution industrielle aussi longtemps que cela serait possible et qu’une fois l’Amérique épuisée, elle se tournerait alors vers son marché intérieur (pp. 237-238). La stratégie n’a peut-être pas pu être appliquée aussi longtemps que les dirigeants chinois l’auraient espéré mais ils mettent maintenant en pratique la recette envisagée dès l’origine : le moyen qui permettra de réduire le surplus commercial de la Chine est aussi celui qui lui autorisera le développement de son marché intérieur. La stratégie choisie est à la fois logique et révolutionnaire – il s’agit du type-même de remède que l’Europe et les États-Unis ont exclu de leur panoplie pour des raisons idéologiques : augmenter les salaires. Dans la province du Jiangsu, en Chine Orientale, le salaire minimum vient d’être augmenté de 13 % pour y attirer la main d’œuvre et il ne s’agit pas d’une mesure isolée : Shanghai augmentera le salaire minimum au 1er avril. D’autres provinces ont déjà annoncé qu’elles suivront. Et il n’y a là matière à aucune surprise : les ordres viennent d’en haut.

Les Chinois ne sont décidément pas des gens comme nous !

Merci Paul Jorion

Al Qaïda n’existe plus selon un ex-chef de la DGSE




Selon Alain Chouet, ancien chef du service de sécurité de la Direction Générale de la Sécurité extérieure, Al Qaïda n’existe plus depuis 2002. Ce qui n’empêche pas le renseignement américain de placer l’organisation de Ben Laden en tête des menaces auxquelles doit faire face l’Amérique, et d’annoncer même avec "certitude" une prochaine attaque sur le sol américain dans les six mois à venir. Le choc de deux points de vue.

Alain Chouet, chef du Service de renseignement de sécurité à la DGSE de 2000 à 2002, intervenait le 29 janvier 2010 au Sénat, dans le cadre d’un colloque sur "le Moyen-Orient à l’heure du nucléaire". Il était invité, en compagnie de Jean-Pierre Filiu et François Heisbourg, à répondre à la question "Où en est Al Qaïda ?". Ses propos viennent mettre en pièces bon nombre d’idées reçues :

"Comme bon nombre de mes collègues professionnels à travers le monde, j’estime, sur la base d’informations sérieuses, d’informations recoupées, que la Qaïda est morte sur le plan opérationnel dans les trous à rats de Tora Bora en 2002. Les services secrets pakistanais ensuite se sont contentés, de 2003 à 2008, à nous en revendre les restes par appartements, contre quelques générosités et quelques indulgences diverses. Sur les quelque 400 membres actifs de l’organisation qui existait en 2001 (...), il en reste moins d’une cinquantaine, essentiellement des seconds couteaux, à l’exception de Ben Laden lui-même et de Ayman al-Zawahiri, mais qui n’ont aucune aptitude sur le plan opérationnel. Donc moins d’une cinquantaine ont pu s’échapper dans des zones reculées, dans des conditions de vie précaires, et avec des moyens de communication rustiques ou incertains. Ce n’est pas avec un tel dispositif qu’on peut animer à l’échelle planétaire un réseau coordonné de violence politique. D’ailleurs il apparaît clairement qu’aucun des terroristes post 11/9, qui ont agi à Londres, Madrid, Casablanca, Djerba, Charm-el-Cheikh, Bali, Bombay, etc., ou ailleurs, n’a eu de contact avec l’organisation. Et quant aux revendications plus ou moins décalées qui sont formulées de temps en temps par Ben Laden ou Ayman al-Zawahiri, à supposer d’ailleurs qu’on puisse réellement les authentifier, elles n’impliquent aucune liaison opérationnelle, organisationnelle, fonctionnelle entre ces terroristes et les vestiges de l’organisation."


Plus aucune action terroriste dans le monde ne serait donc imputable à Al Qaïda depuis huit ans ; l’organisation ne compterait plus que quelques dizaines d’individus ; et les revendications de Ben Laden au fil des ans ne seraient même pas sûres.

Le journal suisse Le Matin s’est justement ému de ce dernier point, le 25 janvier 2010, dans un article intitulé "Messages de Ben Laden : de l’info très intoxiquée" : "Depuis les attentats du 11 septembre 2001, une soixantaine de messages sont attribués à Oussama ben Laden et sa nébuleuse. Il peut y avoir des années sans aucun signe de vie (2005) et d’autres plus prolixes : sept en 2009, quatre en 2008, cinq en 2007 ou quatre en 2006. Pour la CIA, l’authenticité du premier message audio, justement publié par Al-Jazira le 12 novembre 2002, ne fait aucun doute. Une théorie mise à mal, deux semaines plus tard par les chercheurs de l’Idiap (Institut Dalle Molle d’intelligence artificielle perspective) de Martigny (VS). Avec les conditionnels de rigueur propres aux scientifiques, le message serait celui d’un imposteur. Leurs logiciels démasquent les imitateurs, tout aussi doués soient-ils. « Ils peuvent assez facilement berner l’être humain, mais c’est beaucoup plus difficile de tromper la machine », soulignait, en 2002, le Dr Samy Bengio."

Quant à la quasi disparition d’Al Qaïda, Eric Denécé l’avait déjà soutenue sur AgoraVox il y a un an ; interviewé en janvier 2009, l’ancien officier de renseignement, aujourd’hui directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement, m’avait indiqué : "Al-Qaïda a été quasiment réduite à néant. Il reste quelques centaines d’hommes. Quant à la structure centrale, qui est apparue à partir de 1989, elle a quasiment disparu. Hormis Ben Laden et Al-Zawahiri, tous les grands leaders ont été arrêtés".

Menace numéro 1

Aux Etats-Unis, en revanche, Al Qaïda n’a pas disparu. C’est à peine quelques jours après la mise au point d’Alain Chouet que Hillary Clinton déclarait qu’Al Qaïda demeurait la "menace principale" pour les Etats-Unis, devant l’Iran. La secrétaire d’Etat américaine ne faisait que reprendre l’analyse faite le 2 février, devant la Commission du renseignement du Sénat, par l’ensemble des représentants du renseignement américain. Dans la liste des menaces qu’ils ont alors dressée, Al Qaïda devance les programmes nucléaires iranien et nord-coréen, les cartels criminels, et l’éventualité d’une faillite économique dans les pays développés durement touchés par la récession.

Le Directeur du Renseignement national, Dennis Blair, interrogé par la présidente de la Commission sur la probabilité d’une tentative d’attaque terroriste aux Etats-Unis dans les six mois à venir, a répondu qu’elle était "certaine". Les quatre autres officiels interrogés de la même manière - Robert Mueller III, directeur du FBI, Leon Panetta, directeur de la CIA, et les officiers supérieurs du renseignement des Départements d’Etat et de la Défense - ont tous produit la même réponse (Washington Post du 3 février 2010, ou vidéo de l’audition). L’attaque pourrait survenir dans un délai de trois à six mois.



Un nouveau 11-Septembre improbable

Mais de quelle ampleur sera l’attaque ? Sur ce point, les avis divergent. "Al Qaïda maintient son intention d’attaquer le pays - de préférence avec une opération de grande envergure qui causerait de nombreuses victimes, nuirait à l’économie américaine, ou les deux", a déclaré Dennis Blair.

De son côté, Leon Panetta a considéré que l’attaque à venir d’Al Qaïda ne s’apparenterait probablement pas à "un nouveau 11-Septembre", mais serait bien plutôt une opération du style "lone wolf" (loup solitaire), nécessitant peu de moyens. A l’image de la tentative d’attentat du jeune Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab, qui a voulu faire exploser un avion de ligne reliant Amsterdam et Detroit le 25 décembre dernier. Des agents "propres", ayant peu de contact avec le réseau terroriste, et de ce fait difficiles à pister, auraient déjà été envoyés sur le sol américain, selon le patron de la CIA, pour y porter des attaques de faible envergure. Al Qaïda tenterait aussi d’influencer des extrémistes isolés, natifs des Etats-Unis, pour les pousser à l’action.

Le vice-président Joe Biden a confirmé, jeudi 11 février, face à Larry King, l’appréciation de Panetta : une attaque majeure lui paraît improbable.


Le MI-5 britannique vient de fournir une indication sur le possible mode opératoire des futures attaques d’Al Qaïda ; l’organisation terroriste s’apprêterait à utiliser une arme révolutionnaire : des implants mammaires ! "Après les ceintures, vestes, slips, voire suppositoires piégés, les kamikazes d’Al-Qaida pourraient utiliser des implants mammaires truffés d’explosifs, s’inquiète le contre-espionnage britannique" (vidéo ici).

Six mois pour stopper Ben Laden

Selon Dennis Blair, Al Qaïda aura l’intention d’attaquer les Etats-Unis tant qu’Oussama Ben Laden et son lieutenant Ayman al-Zawahiri n’auront pas été "tués ou capturés". Il s’agit là, notons-le, d’un revirement complet dans l’analyse des risques. Souvenons-nous en effet de la déclaration, le 9 janvier 2005, d’AB "Buzzy" Krongard, ancien directeur exécutif et numéro 3 de la CIA (2001-2004) dans le London Times ; selon lui, il était préférable que Ben Laden demeure vivant et libre : "Car si quelque chose arrive à Ben Laden, vous pourriez trouver beaucoup de gens rivalisant pour sa position et voulant démontrer à quel point ils sont virils en déclenchant une vague de terreur." Le London Times notait d’ailleurs : "Plusieurs officiels américains ont reconnu en privé qu’il serait mieux de garder Ben Laden cloué à la frontière de l’Afghanistan et du Pakistan plutôt que d’en faire un martyr ou de le traduire en justice. Mais Krongard est la figure la plus haut placée qui reconnaît publiquement que sa capture pourrait s’avérer contre-productive."

Dans ce même article de 2005, Krongard déplorait l’existence de "centaines et centaines de cellules" d’Al Qaïda... à une époque donc où, selon l’ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, Al Qaïda était déjà "morte sur le plan opérationnel".

Déconstruction d’un mythe

Le Français est peut-être plus rigoureux, qui ne travestit pas le nom d’Al Qaïda, pour lui faire désigner des réalités qu’il ne recouvre pas. Revenons, en effet, à l’analyse d’Alain Chouet (que je retranscris ici largement, pour ceux qui préfèrent la lire, plutôt que l’écouter). Elle nous permet de comprendre les dérives auxquelles mène un mauvais usage du terme Al Qaïda, décliné à toutes les sauces. Les médias sont d’ailleurs pointés par l’ancien de la DGSE pour leur colossale responsabilité :

"A force de l’invoquer à tout propos, et souvent hors de propos, dès qu’un acte de violence est commis par un musulman, ou quand un musulman se trouve au mauvais endroit et au mauvais moment, comme dans l’histoire de l’usine AZF à Toulouse, ou même quand il n’y a pas de musulmans du tout, comme les attaques à l’anthrax aux Etats-Unis, à force de l’invoquer en permanence, un certain nombre de médias réducteurs et quelques soi-disant experts de part et d’autre de l’Atlantique ont fini, non pas par la ressuciter, mais par la transformer en une espèce d’Amédée d’Eugène Ionesco, ce mort dont le cadavre ne cesse de grandir et d’occulter la réalité et dont on ne sait pas comment se débarrasser.

L’obstination incantatoire des Occidentaux à invoquer l’organisation mythique qu’on a qualifié d’hyper-terroriste, non pas par ce qu’elle a fait, mais parce qu’elle s’est attaquée à l’hyper-puissance, cette obstination incantatoire a eu très rapidement deux effets tout à fait pervers.

Le premier effet : tout contestataire violent dans le monde musulman, qu’il soit politique ou de droit commun, quelles que soient ses motivations, a vite compris qu’il devait se réclamer de la Qaïda, s’il voulait être pris au sérieux, s’il voulait entourer son action d’une légitimité reconnue par les autres, et s’il voulait donner à son action un retentissement international.

Parallèlement à ça, tous les régimes du monde musulman, et ils ne sont pas tous vertueux, nous le savons, ont bien compris qu’ils avaient tout intérêt à faire passer leurs opposants et leurs contestataires, quels qu’ils soient, pour des membres de l’organisation de Ben Laden, s’ils voulaient pouvoir les réprimer tranquillement, et même, si possible, avec l’assistance des Occidentaux.

D’où une prolifération de Qaïda plus ou moins désignées ou auto-proclamées au Pakistan, en Irak, au Yémen, en Somalie, au Maghreb, ailleurs, Al Qaïda dans la péninsule arabique, etc.

Principal résultat de cette dialectique imbécile, ça a évidemment été de renforcer le mythe d’une Qaïda omniprésente, tapie derrière chaque musulman, prête à l’instrumentaliser pour frapper l’Occident en général, les Etats-Unis bien sûr en particulier, au nom d’on ne sait pas trop quelle perversité."

Bourgeois frustrés

Derrière le mythe d’une Qaïda unifiée, qui fait office de "croque-mitaine", il y a la violence réelle, qui répond à des problématiques hétéroclites selon les zones où elle se déroule, et dont les motifs ne sont pas tant religieux que politiques : "Si la Qaïda n’existe pas, la violence politique islamiste existe, elle, bel et bien. Et l’Occident n’en est qu’une victime indirecte et collatérale. Les idéologues de la violence islamique ne sont pas des fous de Dieu, ce sont des gens qui ont des objectifs précis. Et leur objectif n’est pas d’islamiser le monde, c’est de prendre le pouvoir et les richesses qui y sont liées dans le monde musulman, sans que l’Occident intervienne."

Pour illustrer son propos, Alain Chouet braque son projecteur sur l’Arabie Saoudite, qu’il considère comme "l’épicentre de cette violence islamiste". Selon lui, elle "se trouve dans une situation un peu comparable à celle de la France du premier semestre 1789", avec sa bourgeoisie entrepreneuriale qui aspire au pouvoir, mais se trouve bloquée par une famille royale se réclamant d’un adoubement divin, et bénéficiant de la protection des Etats-Unis, en échange du monopole sur l’exploitation des hydrocarbures. Dans cette théocratie où le pluralisme est interdit, et où l’islam le plus fondamentaliste est imposé, les contestataires n’ont d’autre recours qu’un mélange de violence révolutionnaire et de surenchère fondamentaliste, exercé à l’encontre du pouvoir et de ses protecteurs extérieurs, sans lesquels celui-ci s’effondre. Ainsi retrouve-t-on parmi les activistes islamistes les plus violents un nombre significatifs d’enfants de cette bourgeoisie, privés de tout droit politique, mais pas de moyens financiers, ni même d’idées. Oussama Ben Laden fut l’un d’eux.

Abattre un moustique à la mitrailleuse

"On pourra toujours m’objecter, note Chouet, que puisque la violence jihadiste existe bien et qu’elle se développe à peu près partout suivant les mêmes schémas, peu importe qu’on l’appelle ou non Al Qaïda, qui serait alors l’appellation générique d’une certaine forme de violence intégriste mondialisée." Les Américains ne commettraient qu’une imprécision de langage sans conséquence en parlant à tout bout de champ d’Al Qaïda ? "Le problème, poursuit Chouet, c’est qu’une telle confusion sémantique est à l’origine de toutes les mauvaises réponses et exclut de facto toute solution adaptée au problème."

Citons longuement l’analyse de l’ancien membre de la DGSE, qui se suffit à elle-même :

"Il existe en effet deux façons de passer à la violence terroriste politique : ou bien on constitue un groupe politico-militaire organisé, hiérarchisé, avec un chef, une mission, des moyens, une tactique coordonnée, un agenda précis, des objectifs définis, ça revient à constituer une armée, avec des professionnels de la violence, et à s’engager dans un processus d’affrontement de type militaire. (...) Ou bien on a recours à la technique dite du "lone wolf", du loup solitaire, qui consiste, en gardant un pied dans la légalité, et en en posant un autre dans la transgression, à jouer idéologiquement sur une population sensible, pour inciter les éléments les plus fragiles, les plus motivés, à passer à l’acte de façon individuelle ou groupusculaire, en frappant où ils peuvent, quand ils peuvent, comme ils peuvent, peu importe, pourvu que l’acte porte la signature de la mouvance et s’inscrive dans sa stratégie générale. (...)

C’est à l’évidence suivant le second modèle que fonctionne la violence jihadiste exercée en direction de l’Occident et d’un certain nombre de régimes arabes. Et tous les services de sécurité et de renseignement savent pertinemment qu’on ne s’oppose pas à la technique du "lone wolf" par des moyens militaires, des divisions blindées ou par une inflation de mesures sécuritaires indifférenciées. On s’y oppose par des mesures ciblées, appuyées sur des initiatives politiques, sociales, économiques, éducatives et culturelles, qui visent à assécher le vivier des volontaires potentiels, en les coupant de leurs sponsors idéologiques et financiers. Non seulement rien de sérieux n’a été entrepris pour tenter d’enrayer le substrat financier, et encore moins le substrat idéologique de la violence djihadiste, mais en désignant la Qaïda comme l’ennemi permanent, contre lequel il faut mener une croisade par des voies militaires et sécuritaires totalement inadaptées à sa forme réelle, on a pris une mitrailleuse pour tuer un moustique.

Alors évidemment on a raté le moustique, mais les dégâts collatéraux sont patents, comme on peut le constater au quotidien en Irak, en Afghanistan, en Somalie, au Yémen. Et le premier effet de cette croisade ratée, ça a été d’alimenter le vivier des volontaires, de légitimer cette forme de violence, d’en faire le seul référentiel d’affirmation possible, dans un monde musulman dont l’imaginaire collectif est traumatisé maintenant par une loi universelle des suspects qui pèse sur lui, par des interventions et des occupations militaires massives, interminables et aveugles. Depuis neuf ans, l’Occident frappe sans grand discernement, en Irak, en Afghanistan, dans les zones tribales du Pakistan, en Somalie... en Palestine bien sûr, on se propose maintenant d’intervenir au Yémen, et pourquoi pas, pendant qu’on y est, en Iran. Mais aux yeux des musulmans, Ben Laden court toujours, au nez et à la barbe de la plus puissante armée du monde, et le régime islamiste d’Arabie Saoudite reste sous la protection absolue de l’Amérique.

Alors pour conclure : où en est Al Qaïda ? La Qaïda, elle est morte entre 2002 et 2004. Mais avant de mourir, elle a été engrossée par les erreurs stratégiques de l’Occident et les calculs peu avisés d’un certain nombre de régimes de pays musulmans. Et elle a fait des petits."

Reste à savoir, pour Alain Chouet, si nous ferons avec ces rejetons les mêmes erreurs, en alimentant un cycle indéfini de violence, ou si nous saurons enfin, avec nos partenaires arabes et musulmans, l’enrayer. Reste aussi à savoir s’il sera possible de vaincre les intérêts puissants et multiples à voir perdurer le mythe de la Qaïda, exploité avantageusement depuis 2001 tant par l’administration américaine que par nombre de régimes musulmans et d’activistes révolutionnaires.

Merci Agoravox

Un checheur au CNRS refuse une prime de 15.000 euros

A mettre en perspective avec les traders !

15.000 euros, c'est la prime d'excellence scientifique qu'un chercheur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a refusé, afin de protester contre la politique de différentiation salariale du gouvernement, a-t-on appris dimanche 14 février par sa lettre de refus publiée, par un syndicat. Le biologiste François Bonhomme, directeur de recherche à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier (ISE-M), a reçu en décembre une lettre lui annonçant le versement de la prime au titre de sa médaille d'argent du CNRS, obtenue pour ses travaux scientifiques en 1996. "Je ne suis pas du tout partisan de la politique de différenciation salariale qui est en train de se mettre en place dans la recherche publique française", déclare le chercheur dans sa lettre postée sur le site du Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS-FSU). "Je ne me berce pas d'illusions d'un monde égalitaire", poursuit François Bonhomme, qui juge cependant que les scientifiques "apprécient aussi de ne pas se sentir en concurrence trop directe avec leurs collègues".

Prime reversée à la Fondation de France

Le chercheur n'accepte notamment pas un système dans lequel des "capitaines de recherche négocieront leur salaire à l'embauche tout en ayant à leur service une armée de contractuels taillables et corvéables à merci". Il a demandé à ce que sa prime étalée sur quatre ans soit reversée à la Fondation de France, qui recueille des dons pour aider les personnes vulnérables, développer la connaissance et protéger l'environnement. A l'automne, un autre médaillé d'argent du CNRS, Didier Chatenay, avait aussi annoncé qu'il refuserait sa prime de 15.000 euros.
Fin janvier, cinq syndicats de chercheurs et le collectif Sauvons l'Université (SLU) ont adressé une lettre à la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche Valérie Pécresse demandant l'abandon de la prime d'excellence scientifique en échange d'une augmentation des possibilités de promotion et d'une "création massive de postes titulaires afin de résorber la précarité".

Merci le nouvel obs